mardi 3 février 2009

Des mots d’Obama aux maux de l’Afrique

La crise économique profonde n’aura pas suffi. Les Américains restent exceptionnels. Ils ont réussi à faire d’un évènement national, l’investiture de leur président élu deux mois plus tôt, un évènement planétaire. Le 20 janvier dernier, la partie du monde – de plus en plus nombreuse – qui a accès à la télévision, à Internet ou simplement à la radio, devait faire preuve d’une manifeste mauvaise volonté et d’un certain snobisme pour ne pas vivre en direct ou en différé la prestation de Barack Obama à Washington DC. On l’aime bien, Barack, et quand on est au moins aussi bronzé que lui, l’auteur de ces lignes étant noir et africain, on ne peut pas faire son malin et balayer d’un revers de la main le symbole puissant que représente pour le monde entier l’élection d’un président à moitié noir aux Etats-Unis. Il faut cependant reconnaître qu’on a frôlé l’indigestion médiatique.

Les Africains d’Amérique et les Africains d’Afrique ont sans douté été un peu plus émus que les autres de par le monde, marqués qu’ils sont par une histoire réelle ou ressentie d’humiliations, de discriminations, de violences et de frustrations, à laquelle Obama a fait une unique et élégante allusion dans son discours d’investiture. Alors que le nouveau locataire de la Maison Blanche a commencé à travailler – pour les intérêts bien compris de son pays bien sûr, et avant que ne s’enclenche l’inévitable baisse de sa popularité nationale et internationale, saisissons l’opportunité du moment et arrêtons-nous sur quelques mots qui pourraient être autant de leçons à tirer par les Africains d’aujourd’hui du message et de la saga d’Obama.

Espoir

On l’a dit et redit. Jamais une élection présidentielle n’avait suscité un tel espoir en Amérique et dans le reste du monde. L’espoir, c’était aussi l’un des slogans de la campagne d’Obama. C’est ce qu’il voulait incarner pour des électeurs pressés de tourner la page sombre des années Bush, et peut-être également de marquer une rupture dans l’histoire des Etats-Unis en rendant possible l’entrée du fils d’un Africain marié à une Africaine Américaine à la Maison Blanche. L’espoir, c’est aussi la promesse faite aux Américains et au reste du monde dans son discours d’investiture : « En ce jour, nous sommes réunis parce que nous avons préféré l’espoir à la crainte, l’union au conflit et à la dissension », a-t-il dit. L’espoir, c’est celui d’un changement profond dans la manière d’exercer le pouvoir politique et d’interagir avec les citoyens.

À quand remonte la dernière fois que les Africains ont « espéré » en écoutant et en scrutant un de leurs leaders ? Combien sont-ils les chefs d’Etat, les responsables politiques, y compris les « opposants », qui suscitent ce sentiment simple qu’est l’espoir chez leurs peuples ? Nous ne parlons pas de l’espoir cantonné à la famille politique, à la famille tout court et aux « frères et sœurs » du même groupe ethnique que le leader en question. L’espoir de ces derniers est généralement bien précis : c’est celui de voir leur situation matérielle – ou plus rarement psychologique– individuelle s’améliorer avec l’accession de leur élu au pouvoir, quoiqu’il arrive par ailleurs aux autres et à la nation. Non, nous évoquons l’espoir dans la volonté et la capacité d’un responsable politique à apporter un supplément significatif à ce que chaque citoyen peut faire pour son propre bien-être, à consacrer son énergie et son intelligence à mobiliser celles de ses collaborateurs pour grandir son pays, sa nation et le peuple dont il est issu.

Combien sont-ils en Afrique qui ont au moins donné à espérer avant de décevoir parce que les électeurs s’étaient lourdement trompés sur leurs personnalités, leurs intentions ou leurs capacités ? Mettons de côté les présidents entrés par effraction dans l’histoire de leur pays au moyen de coups d’Etat, d’«héritage », de chantage à la guerre civile et qui se sont fait ensuite légitimer par des élections truquées, manipulées, ou travesties par l’usage de la force, de la terreur et par celui de l’argent public. On n’a certes pas besoin d’être démocratiquement élu pour donner de l’espoir… L’histoire montre cependant que ceux qui sont tellement convaincus de représenter l’espoir qu’ils ne peuvent attendre que leurs peuples en décident librement ne font pas rêver bien longtemps.

Fort heureusement, le groupe qui survit au tri entre « démocratiquement élus au moins une fois » et « jamais réellement choisis par les électeurs » est plus fourni aujourd’hui qu’il ne l’était il y a dix ou vingt ans. En Afrique de l’Ouest par exemple, Boni Yayi au Bénin, Alpha Toumani Touré au Mali, Abdoulaye Wade au Sénégal, Ellen Johnson Sirleaf au Liberia, Ernest Baï Koroma en Sierra Leone, Pedro Pires au Cap Vert, Mamadou Tandja au Niger, et le tout nouveau président du Ghana, John Atta-Mills ont été au moins une fois élus démocratiquement. Il y eut des moments d’espoir dans ces pays lorsque les populations ont eu le sentiment d’entrer en démocratie, de tourner la page de la soumission à l’arbitraire et généralement à l’incompétence des « hommes forts » ou encore de remplacer un chef d’Etat bien élu ou un parti qui n’avait plus rien à offrir.

En 2009, en Afrique de l’Ouest comme dans quelques pays d’Afrique de l’Est et australe, très peu en Afrique centrale il faut bien le reconnaître, il existe encore des femmes et des hommes qui nourrissent de l’espoir en la capacité de la politique de changer leurs vies ou au moins de changer celles de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Mais même dans ces rares refuges où l’on organise de vraies élections à intervalles réguliers constitutionnels et où ceux qui ont le pouvoir acceptent la possibilité de le perdre, cet espoir est assez modeste. Rien à voir avec l’enthousiasme des Américains et leur foi retrouvée en la politique. L’espoir des Africains chanceux qui vivent en paix et en démocratie n’est pas limité seulement en raison de l’ampleur des défis économiques, sociaux, sécuritaires qui semble rendre vain tout effort de progrès décisif par la voie du changement politique. Il est modeste parce que trop, beaucoup trop de leaders africains, chefs d’Etat, ministres, députés, hauts fonctionnaires, magistrats… ont donné une image détestable de l’exercice du pouvoir quel qu’il soit.

Les Etats africains indépendants dans leurs frontières actuelles sont jeunes, moins de cinquante ans d’existence pour la plupart. Le seul exemple de construction d’un Etat « moderne » et de formation d’une nation que la plupart des peuples africains ont pu voir, c’est celui qui leur fut imposé pendant deux, trois ou quatre décennies par quelques autocrates, parfois un seul. Le modèle fut trop souvent celui de l’Etat prédateur, du mépris des dirigeants pour l’intérêt général, de l’appropriation privée des ressources de l’Etat, et de la négation même de la conception de la politique comme noble mission de gestion de la cité. Parce que nos pays ont trop souvent été représentés au plus haut niveau par les plus brutaux, les plus cyniques, les plus cupides, les moins scrupuleux et les moins idéalistes, on en est venu à croire que la politique ne pourrait être faite autrement. D’honnêtes femmes et hommes ont fini par se convaincre que l’idée même de l’intérêt général était fondamentalement absurde. Et qu’il fallait effectivement être bête pour ne pas profiter de la moindre parcelle du pouvoir sur laquelle on pouvait mettre le grappin pour s’occuper d’abord, surtout et en fait exclusivement de soi et des siens.

Ce n’est donc pas nécessairement parce qu’il n’y aurait aucun leader africain de la trempe d’Obama que l’espoir est devenu denrée si rare sur le continent. C’est parce qu’une certaine élite politique s’est employée à le tuer dans le cœur et dans la tête des Africains, à coup de vol, de violence, de mensonge et de duperie. Le dicton qui voudrait que les peuples n’aient que les dirigeants qu’ils méritent ignore le fait que les dirigeants choisis par erreur et ceux qui n’ont pas du tout été choisis ont un impact durable et dévastateur sur les peuples qu’ils ont dirigés… Si l’incroyable spectacle de l’espoir généré par l’élection d’Obama peut permettre de restaurer la noblesse de l’engagement politique et de donner la force à la jeunesse des pays d’Afrique de se lancer dans une œuvre de désinfection des pratiques politiques chez eux, il aura été salutaire.

Responsabilité

« Notre économie est fortement affaiblie, conséquence de la rapacité et de l'irresponsabilité dont ont fait preuve certains, à cause également de notre incapacité collective à faire des choix difficiles et à préparer la nation à une nouvelle ère ». Et plus loin : « Ce que nous devons faire à présent, c'est entrer dans une nouvelle ère de responsabilité – c'est de reconnaître, et chaque Américain doit le faire, que nous avons des devoirs envers nous-mêmes, envers notre nation et envers le monde ». Obama dans son discours d’investiture. Irresponsabilité et incapacité collective : voilà des mots qui devraient aussi résonner dans nos oreilles africaines et des maux devenus chroniques dans un trop grand nombre de pays du continent. Le mot qui fâche, c’est plutôt la responsabilité, qu’elle soit déclinée dans sa version individuelle ou collective. Obama y est allé fort et pourtant ne parlait-il que des responsables de la débâcle économique de son pays. Dans bien d’endroits en Afrique, même lorsqu’il s’agit de crimes de sang, d’authentiques massacres de populations civiles, la dénonciation des responsabilités individuelles est généralement timorée. On ne touche pas aux puissants.

On préfère noyer les responsabilités individuelles dans d’insipides discours technocratiques sur la nécessité de la « bonne gouvernance ». Derrière chacun des drames sanglants sur le continent africain, que ce soit au moment des élections au Kenya, au Zimbabwe, au Togo, en Côte d’Ivoire, et derrière chacune des guerres civiles actuelles ou passées, derrière les génocides et les nettoyages ethniques, il y a des hommes et des femmes sains d’esprit qui se réunissent, élaborent des stratégies et décident que la recherche du pouvoir et des richesses justifie tous les moyens. Et même, lorsque par extraordinaire, quelques-uns de ces « leaders » se trouvent menacés par une justice internationale balbutiante, beaucoup d’Africains, y compris au sein de la jeunesse, tendent à s’émouvoir davantage de l’« acharnement judiciaire» sur des personnalités africaines que de la gravité et de la réalité des crimes dont ils sont accusés. Le monde est injuste et on n’est certes pas près de voir un ancien président américain ou tout autre puissant de premier ordre comparaître devant la Cour pénale internationale. Faut-il pour autant que nous encouragions l’irresponsabilité et son corollaire, une impunité qui nourrit la violence, la misère et la déshumanisation de millions d’Africains… au nom d’une indécente conception de la solidarité africaine?

De la même manière que la foi dans la politique, la responsabilité se transmet dans la société. L’irresponsabilité aussi. Et plus rapidement parce que bien moins exigeante. À force de répéter que ses ministres et ses collaborateurs étaient tous des voleurs sans que ne lui effleurât l’esprit que c’était lui qui les nommait, le président de la Guinée pendant les 24 dernières années, disparu le 22 décembre dernier, Lansana Conté, avait réussi à incruster dans l’esprit de bon nombre de ses concitoyens qu’on pouvait être chef d’Etat, jouir des privilèges exorbitants de la fonction et être parfaitement irresponsable. Dans les pays africains où les présidents semblent encore éternels, à l’image du Gabon, du Cameroun ou du Zimbabwe et de quelques autres, la notion de responsabilité n’a plus aucun sens puisque l’irresponsabilité n’a aucune conséquence pour ceux qui feraient la démonstration au sommet de l’Etat. En Afrique, le déni des responsabilités individuelles ou la gêne à les pointer du doigt a fini par créer une culture de l’irresponsabilité collective.

« Entrer dans une nouvelle ère de responsabilité ». On aimerait tellement que des leaders politiques africains élus fassent une telle promesse à leurs concitoyens et en particulier à leur jeunesse. Et que quelque chose dans leur parcours personnel, dans leur gestion de leur équipe politique et dans les premiers actes posés une fois le pouvoir acquis donne une once de crédibilité à une telle promesse. Cela existe sans doute, des chefs d’Etat conscients de leurs responsabilités et désireux de faire entrer leur pays dans une nouvelle ère de responsabilité. Au moins dans ces lieux africains où la démocratie a incontestablement fait des progrès depuis les années 90. Mais l’entreprise est monumentale, tant l’irresponsabilité a-t-elle eu le temps d’investir auparavant les bureaux des administrations et les interstices de la société tout entière.

Les hommes forts qui ont forgé les Etats africains ont en effet souvent conjugué irresponsabilité individuelle et concentration des pouvoirs… et donc refus du partage des responsabilités. Résultat : les ministres ne sont pas responsables du bon fonctionnement de leurs ministères ; les chefs de service ne sont pas responsables de l’accueil réservé par leurs agents aux usagers et des dessous-de-table qui leur sont réclamés ; les directeurs d’hôpitaux publics ne sont pas responsables des vies perdues tous les jours parce que l’argent a été mangé et parce que les appareils médicaux les plus performants ont été détournés vers les cliniques privées par des médecins publics. Et bien sûr, les directeurs d’aéroport ne sont pas responsables des toilettes sales offertes au public même lorsque des agents sont payés pour l’entretien. Si le discours sur la responsabilité du nouveau président américain pouvait rappeler à quelques décideurs africains qu’il n’était pas encore trop tard pour rebrousser le chemin sans issue de l’irresponsabilité individuelle et collective, le matraquage médiatique « obamaniaque » aura servi à quelque chose.

Diversité

« Nous savons que notre patrimoine bigarré est une force et non une faiblesse ; nous sommes une nation de chrétiens et de musulmans, de juifs, d’hindous et d’athées. Nous sommes façonnés par toutes sortes de langues et de cultures venant de tous les coins du monde. Et, parce que nous avons goûté le brouet amer de la guerre civile et de la ségrégation, et parce que de ce chapitre sombre de notre histoire, nous sommes sortis plus forts et plus unis, nous ne pouvons pas ne pas croire que les vieilles haines cesseront un jour, que les sentiments d’appartenance disparaîtront, que le monde deviendra plus petit, que notre humanité commune va se révéler… ». Dixit Obama le 20 janvier. Nous l’avons déjà souligné : l’émotion des Noirs d’Amérique et d’ailleurs était encore plus palpable que celle réelle de dizaines de millions d’autres personnes à travers le monde. Dans de nombreuses capitales africaines, des jeunes proclamaient dès l’élection du 4 novembre 2008 leur « fierté » de voir un homme d’origine africaine entrer à la Maison Blanche. Tout cela est fort bien. Maintenant qu’on a fini de se réjouir du recul du racisme des autres, peut-être devrions-nous commencer à nous occuper de celui qui sévit dans des dimensions et sous des formes variables dans nombre de pays africains.

Le brouet amer de la guerre civile, de la ségrégation, ou celui de la discrimination ethnique et du tribalisme, l’Afrique l’a aussi expérimenté et continue à en subir les conséquences. Il n’y a pas que les génocides et les massacres interethniques qui soient insupportables. Le sentiment, dans encore trop de pays africains, que les citoyens qui ne partagent pas l’origine ethnique ou régionale du président sont « moins égaux que les autres » l’est également. Le patrimoine bigarré, c’est exactement ce que l’écrasante majorité des pays africains a en commun. Diversité ethnique, diversité des pratiques religieuses, diversité des cultures et des langues. C’est cela l’Afrique et c’est cela chacun des pays africains. Pensez aux mosaïques humaines que sont le Nigeria, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Soudan ou l’Ethiopie mais aussi de plus petits pays comme le Bénin, le Togo, la République centrafricaine ou le Congo Brazzaville. Pourtant, qui se souvient d’avoir été enflammé par le discours d’un responsable politique africain qui ait affirmé haut et fort que la diversité interne de son pays était une exceptionnelle richesse et explicité les moyens institutionnels précis pour faire de cette diversité un facteur de paix et de progrès et non un terreau de violences et de misère ?

L’absence de volonté politique des leaders et l’incapacité collective à gérer avec intelligence et créativité la diversité interne de nos pays africains a été l’un des plus grands échecs de la construction des Etats-nations au lendemain des indépendances. Il ne s’agissait certainement pas d’une tâche aisée. Sur tous les continents, y compris ceux qui ont aujourd’hui tendance à oublier leur longue histoire de violences inouïes, la gestion d’un patrimoine bigarré est un défi permanent. Beaucoup de pays africains ne l’ont manifesté pas relevé et, ce qui est plus inquiétant, ne semblent toujours pas intégrer qu’il n’y a aucun avenir dans le sectarisme, le tribalisme et l’intolérance.

On pourrait être tenté de rétorquer que les « hommes forts » comme Mobutu Sese Seko dans l’ex-Zaïre ou Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire ont su « gérer » la diversité des composantes de leurs nations respectives en préservant une certaine paix pendant trois décennies. On sait ce qu’il advint ensuite dans ces pays, lorsque le couvercle du parti unique, de l’autoritarisme, de la « géopolitique ethnique » à travers la distribution de postes politiques et de prébendes fut soulevé. Ce sont dans des règles, des institutions, des mécanismes d’identification des pratiques de discrimination et de sanction de ceux qui en sont responsables, et dans une véritable éducation au respect de la différence que nous devons rechercher l’apprivoisement de nos patrimoines bigarrés.

C’est parce que nous préférons nous focaliser sur le seul racisme des Blancs et ignorer notre problème avec le traitement de la diversité que nous abandonnons chaque jour un peu plus les décisions nous concernant aux autres. C’est parce que les leaders africains ne proposent rien ou si peu pour extirper les plus graves fléaux de leurs pays que l’hyperactif président français Nicolas Sarkozy a pu par exemple s’autoriser en ce début d’année 2009 à prendre l’initiative de soumettre au gouvernement congolais un plan pour résoudre les tensions et les violences interethniques liées à la question foncière dans le Kivu… Moins on pense, moins on attaque de front nos maux, plus les autres se chargent de penser pour nous et accumulent par la même occasion davantage de connaissances que nous-mêmes sur certaines réalités de nos pays. Ce n’est pas pour rien que l’Afrique est le terrain de prédilection des institutions internationales, des ONG et que l’Union Européenne arrive à produire des plans stratégiques pour l’Afrique plus cohérents que ceux produits par les organisations africaines.

En élisant Barack Obama le 4 novembre dernier, les Américains blancs on « tué » leurs grands-parents. Ils ont en effet rompu avec les générations précédentes qui avaient nourri ou s’étaient accommodées du racisme institutionnel. Avec ceux qui n’auraient sans doute pas servi au restaurant le père kényan et noir d’Obama il y a moins de soixante ans selon les termes utilisés par ce dernier. Ce sont eux qui ont écrit l’histoire. Pendant combien de temps allons-nous continuer en Afrique à accepter de voir notre énergie et notre capacité créative corsetées par un conservatisme éculé ? Pendant combien de temps les jeunes Nigérians continueront-ils par exemple d’accepter que leurs parents leur inculquent les préjugés sur l’ethnie et la religion de l’autre et se priveront-ils de construire un Nigeria nouveau paisible et puissant en alliant les talents des Ibo, des Yorouba, des Haoussa, des Fulani, des Ibibio, des Tiv, des chrétiens, des musulmans, des animistes, des athées ? Idem pour le Cameroun et pour tous les autres pays du continent.

Si nous – les générations africaines actuelles – pensons qu’une autre manière de faire de la politique peut redonner de l’espoir à nos peuples, que nous pouvons nous aussi faire entrer nos pays dans une nouvelle ère de responsabilité et sommes convaincus que le patrimoine bigarré de nos pays est une exceptionnelle force pour le progrès, alors empressons nous de rompre, comme la majorité des Blancs d’Amérique, avec nos grands-parents. Avait-on besoin de convoquer la saga Obama pour faire passer ce message ? Evidemment non. Mais puisque les Africains se sont passionnés pour cette élection américaine et que des présidents africains enthousiastes ont dit avoir veillé devant leurs écrans de télévision dans la nuit du 4 au 5 novembre 2008, eh bien saisissons cette opportunité pour leur demander de prouver leur attachement aux idéaux d’Obama chez eux. Ou de se taire. L’obamania peut être source d’inspiration. Il y a pire comme indigestion.

(Publié sur allafrica.com le 3 février 2009)

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